Les beaux jours étaient encore là. La chaleur oppressante de New york persistait, et ce n’était pas vraiment pour plaire à Raven. Elle détestait l’été, en fait. Dans cette ville, il faisait beaucoup trop chaud, et avec la pollution, l’air en était presque irrespirable. Sans parler qu’à cette période de l’année, l’hôpital était bondé, et même si la jeune blonde aurait put profiter de ses vacances parce qu’elle le voulait, elle ne le faisait pas. Après tout, elle n’était que bénévole, et donc pas vraiment indispensable, même si elle avait tout de même pas mal de notions grâce à ses études. Mais depuis qu’elle vivait seule, elle ne pouvait plus rester sans rien faire. Elle ne pouvait plus prendre l’avion jusqu’en Italie et se dorer tranquillement la pilule sur une plage. Il fallait qu’elle s’occupe le corps, qu’elle s’occupe l’esprit. Qu’elle bouge, quoi. Ça lui évitait de trop penser, et de se faire du mal. Sur ce point, elle ressemblait énormément à sa mère.

Mais bon, elle ne pouvait pas tout le temps travailler, et puis, elle avait nettement plus de temps libre en cette période de vacances. Elle aurait put se plonger dans ses bouquins de médecine, c’était d’ailleurs quelque chose qu’elle faisait assez souvent. Mais aujourd’hui, elle n’en avait pas envie. Elle voulait juste sortir, se balader avec son café à la main. Comme au bon vieux temps. Même si le soleil c’était pas trop son truc, elle était tout de même consciente qu’elle devait s’exposer un minimum. Là, elle ressemblait juste à un cachet d’aspirine, et ce n’était pas très beau à voir. Elle était donc sortie de chez elle, passant au Starbuck du coin de la rue pour son habituel double moka sucré, et s’était laissée portée par la foule. Elle était rapidement arrivée au pont de Brooklyn, s’accoudant sur son bord pour observer le fleuve Hudson sous ses pieds. Elle sirotait son café, l’air assez pensive, quand elle entendit une voix l’appeler par son prénom. Se retournant, elle croisa le regard d’une de ses amies. Sa seule véritable amie en réalité, et elle ne put s'empêcher de lui sourire. « Eh, Mahëra! Comment tu vas? »

Les yeux plongés dans les eaux du fleuve, Raven relatait ses mauvaises pensées dans sa tête. Bizarrement, elle se rendait compte que sa vie n’était pas comme elle espérait qu’elle le soit. Certes, elle avait eut la chance de naître dans une famille blindée, et elle avait toujours eut ce qu’elle voulait. C’était aussi une fille intelligente, qui avait un brillant avenir devant elle et puis, elle était plutôt jolie. Mais tout cela n’était que du matériel, et au final, il lui manquait le plus important. Elle avait crut l’avoir enfin trouvé quand elle avait rencontrée cet homme qui lui avait fait vivre tellement de choses, mais au final, son coeur avait été brisé en mille morceaux, et maintenant, elle se retrouvait à la case départ. A croire qu’elle avait eut tellement de choses dans sa vie qu’elle ne méritait pas d’être heureuse.

Ruminer ses pensées noires n’étaient pas prêt de l’aider, et quand elle entendit la voix de son amie Mahera, elle fut soulager de sa présence. A croire qu’elle arrivait toujours au bon moment pour lui rappeler qu’elle avait quand même la chance de l’avoir rencontré. Cette fille était juste une spécialiste du sourire arraché et de la joie de vivre. Se tournant vers elle, Raven l’avait saluée à son tour avant de se laisser étreindre par son amie. Et même si ce contact n’avait duré que quelques secondes, ça lui avait quand même sacrément fait du bien, et elle ne pensait même plus au soleil qui lui tapait sur la caboche et lui éblouissait les yeux. Défaut d’avoir des iris bleu, ce n’était pas vraiment l’idéal pour supporter le soleil. « Ça va super et toi ? Comment tu vas ? Et qu'est-ce que tu fais là hein ? » Raven aurait put lui mentir, et elle allait le faire d’ailleurs. Trouver des excuses, c’était bien sa spécialité depuis toujours. La seule personne à qui elle n’avait jamais mette était son père, et elle se demandait si c’était parce qu’elle n’en avait jamais eut l’occasion, ou alors, parce que depuis sa mort, elle était devenue spécialiste dans le domaine. Allez savoir. « Un peu fatiguée, mais ça peu allez. Et… J’essaye de bronzer un petit peu, histoire de t’arriver à la cheville ! »

Raven n’avait pas autant de chances que son amie du côté de sa famille. Il était clair qu’elle avait grandie avec un père respectueux et aimant, de ce côté là, elle n’avait rien à en redire. Mais depuis sa mort, tout était différent. La jeune femme et sa mère ne se voyaient pratiquement plus, et le peu de fois où c’était le cas, elle s’échangeaient à peine deux trois mots quand elles étaient toutes les deux dans leur bons jours. Raven voyait bien que sa mère souffrait de la perte de son mari, mais au lieu de s’ouvrir à elle et de passer le plus de temps possible en famille, elle faisait tout le contraire. Raven ne lui remettait pas complètement la faute dessus, il était clair qu’elle ne faisait plus d’effort de son propre côté depuis un bon bout de temps. Elle en avait juste eut marre à force, et avait prit son envole. Envole qui ne dura pas très longtemps, parce qu’on le sait tous très bien, les temps sans problèmes ne durent jamais très longtemps. Encore maintenant, elle essayait de se remettre de sa rupture avec l’homme qu’elle aimait toujours, et son petit coeur brisé n’était pas au meilleur de sa forme. La belle blonde voulait tout de même faire bonne figure, pas question que cet idiot se rende compte qu’il la rendait malheureuse, elle avait beaucoup trop de fierté pour ça.

Elle était donc ravie que son amie Mahëra lui soit tombée dessus. C’était exactement ce dont elle avait besoin, une bonne discussion avec sa meilleure amie de toujours. Et puis, sérieusement, pour se changer les idées, il n’y avait pas meilleure personne que la jolie brune. Elle avait toujours quelque chose dans son sac, ou une idée folle qui lui trottait dans la tête, de quoi oublier n’importe quel soucis pendant quelques heures. Raven se rendait bien compte qu’elle avait énormément de chance de l’avoir, et que sans son amie, elle n’en serait certainement pas là aujourd’hui. Elle avait beau avoir de l’argent, ne manquer de rien, sans ses amis qui l’entouraient, tout ce matériel serait bien inutile. « Tu ne m'arriveras jamais à la cheville !» Un rire échappa à la jeune blonde, et elle lança une petite bourrade à son amie, prenant une mine choquée, largement exagérée. « Laisse mon espérer un peu! » C’était ça qu’elle adorait chez Mahe. Elle n’hésitait pas à sortir le monde truc drôle, même si ça risquait de la vexer, ce qui bien sûr, ne serait jamais le cas. Il en fallait beaucoup pour vexer une blonde comme Raven. Rien qu’avec sa couleur de cheveux, elle avait déjà eut droit à toutes sortes de remarques idiotes, mais elle l’avait toujours prit avec le sourire. Et puis, si les gens voulaient vraiment lui faire du mal, le sourire était la meilleure des réponses face à leurs insultes. « Allez dis moi, ça ne vas pas ? Tu sais que tu peux tout me dire hein …» Grillée. C’était sûr qu’avec le temps, Mahëra arrivait très bien à voir quand son amie mentait. Déjà que de base Raven n’était pas vraiment douée pour ça, face à la brune, ce n’était même pas la peine d’essayer! Elle laissa alors tomber le masque, son sourire s’effaçant doucement de son visage pour laisser place à une mine pensive, et surtout assez triste, mine de rien. « C’est pas un truc en particulier, j’ai juste le cafard. Sans parler que je me suis pas encore remise de ma rupture. » Raven évita de parler de son père, pourtant, comme un réflexe, sa main se porta à l’alliance qu’elle portait autour du cou. C’était dans des moments comme celui là qu’elle pensait le plus à son père. Lui aurait sut quoi faire, quoi lui dire, et elle espérait de tout son coeur que son amie serait aussi capable de l’aider.

Raven avait toujours été très mature pour son âge, depuis toute petite. Le fait d’avoir été malade la plupart de ses années d’enfance l’avait peut être aidé. Très jeune, elle s’est rendue compte que la vie ne tenait à pas grand chose, qu’il suffisait d’une petite anomalie dans notre corps pour qu’elle s’arrête. Et à l’époque, même si elle avait peur, elle avait affrontée sa maladie, pour ses parents, et pour ses amis. Et aussi parce qu’elle ne comptait pas mourir si jeune et qu’elle voulait affronter la vie le plus longtemps possible. Même encore maintenant, il lui arrivait d’avoir peur. Depuis sa greffe, elle suivait son traitement à la lettre, sans jamais oublier un seul de ses cachets, mais elle savait tout de même qu’à tout moment, son corps risquait de rejeter ce rein qui ne lui appartenait pas. La plupart du temps, elle n’y pensait même pas, elle était habituée depuis, mais il arrivait que cette idée traverse son esprit. Quand elle se trouvait en présence de ses amis, et surtout de Mahëra, elle n’y pensais même pas en fait. C’était un peu comme une sorte de libération quotidienne. La jeune brune, rien qu’en sa présence, arrivait à lui faire oublier ses mauvaises pensées. Elle était l’une des seules à savoir absolument tout de sa vie dans les moindres détails, à connaître tout ce qu’elle avait du affronter pour en arriver là aujourd’hui. Et sans elle, peut être même qu’elle n’en serait pas là aujourd’hui. Son amie avait une place inestimable dans son coeur, Raven savait qu’elle lui en devait beaucoup, et aussi qu’elle ne le lui rendait pas assez souvent tout ce qu’elle avait pu faire pour elle.

Aujourd’hui était à nouveau un jour où la jeune blonde avait besoin de se confier, et sans qu’elle ait eut le temps d’ouvrir la bouche, Mahe avait tout de suite comprit ce qu’il lui fallait. Elle avait ce don, de lire en vous rien qu’en regardant votre visage, et de comprendre tout de suite ce dont vous aviez besoin. Enfin, du moins elle avait ce don en ce qui concernait Raven, ce qui n’était pas plus mal d’ailleurs. L’étudiante n’était pas vraiment du genre à se confier spontanément, ou de passer un coup de téléphone quand quelque chose n’allait pas. La plupart du temps, elle gardait tout pour elle, et ça Mahëra l’avait bien comprit. « Je sais que c'est compliqué Raven, mais tu dois plus penser à lui. Tu m'as aidé pour oublier Aiden alors essaye de faire pareil, et s'il faut que je t'emmène tous les jours faire du shopping, je le ferais ! » Raven détourna le regard. Elle s’en voulait encore d’avoir craché le morceau à son amie et d’avoir entraînée la rupture de son couple avec Aiden. Elle tenait énormément à ces deux personnes, et elle était presque certaine qu’aider ne lui pardonnerait jamais d’avoir révéler son secret à la brune. A cet instant là, la jeune étudiante avait du faire un choix: soit elle prenait le risque de briser son amitié avec Mahe en gardant le secret, soit elle trahissait la confiance d’Aiden en le lui révélant. Et ça n’avait pas été franchement évident de prendre une décision comme celle là. « Tu sais très bien que c’est plus facile à dire qu’à faire… En plus, je sais même pas pourquoi il est partit, et c’est ça qui me tracasse. » Raven ne pouvait pas vraiment dire qu’elle avait un tableau de chasse énorme. Bien sûr, au lycée, elle avait eut quelques petites amourettes d’enfants de riches, mais jamais rien de vraiment sérieux jusqu’à ce qu’elle rencontre Théo. Là, tout avait changé, et elle s’était vraiment sentie en confiance avec lui, elle s’était enfin sentie prête à construire quelque chose de durable. A croire que c’était beaucoup trop beau pour être vrai.

Mahëra et Raven s’étaient bien trouvés. En effet, leur histoire se ressemblaient assez, même si la brune n’avait pas eut à subir une maladie, elle avait tout de même eut une enfance difficile du point de vue de sa famille. Toutes les deux avaient dut traverser des épreuves alors qu’elles étaient encore très jeunes, et elles avaient dut prendre sur elle pour ne pas craquer et tout laisser tomber. Et elles avaient bien fait. Voilà qu’aujourd’hui, elles se trouvaient ici, sur le pont de Brooklyn en plein soleil en train de discuter. Et pourtant niveau caractère, elles étaient plutôt les opposés. Même si Raven était quelqu’un d’assez franc, elle restait quand même une personne très douce et souriante, alors que Mahe, au contraire, était plutôt rentre dedans, et quand elle était de mauvaise humeur, tout le monde le savait, même pas besoin de la connaître pour le remarquer. C’était aussi peut être pour cette raison qu’elles s’entendaient si bien. Elles étaient les deux opposées, et comme le père de Raven avait souvent coutume de dire, les opposés s’attirent. En tout cas, Raven était contente de pouvoir compter sur une amie comme Mahe. Même si elle n’était pas vraiment du style à se confier et avait plus tendance à garder tout pour elle, avec la brune, la jeune étudiante n’avait pas vraiment le choix. Son amie était prête à tout pour lui tirer les vers du nez à chaque fois.

Et cette fois encore, Raven avait communiquée son mal être à sa meilleure amie. Bien sûr, cette dernière était prête à faire n’importe quoi pour lui faire oublier ses malheurs. Shopping sur la Cinquième avenue, dîner au Plaza, rien n’était trop beau pour Raven quand c’était Mahe qui offrait. C’est de l’exagération totale, bien entendu, mais Raven était certaine de ne pas tellement être loin du compte en se disant ça. Tout simplement parce qu’elle ferait exactement la même chose pour Mahëra, quitte à piquer de l’argent à sa mère et l’emmener faire un voyage en Europe. D’ailleurs, il y avait bien longtemps que la blonde n’avait pas voyagé. Peut être que ça lui ferait du bien, mine de rien, de s’éloigner un peu de New-York. Mais il n’était pas question pour elle de partir toute seule. « Ok, j'avoue c'est pas facile, voir pas du tout mais regarde je l'ai fait alors toi tu peux le faire. Je sais que c'est compliqué, que le pire c'est que tu ne connais pas la raison de son départ mais je suis sur que ça n'a rien à voir avec toi. Tu es magnifique et tu le sais, personne ne t'arrive à la cheville.» Raven eut un petit sourire en coin? pour faire des louanges, Mahe était de loin la meilleure de tout le pays. Elle arrivait toujours à trouver les mots pour faire sourire quelqu’un, peu importe de quoi il souffrait. Et en fait, Raven pensait que son amie aurait été une parfaite psychologue, même si elle aurait utilisée des méthodes bien à elle. Le tout était que la thérapie soit efficace après tout, non? « T’as raison, c’est lui qui a merdé. Et faut que je trouve un moyen de le lui faire regretter. » Raven n’était pas certaine que c’était tout à fait le fond de pensée de son amie, mais en fait, ce n’était pas trop grave. Se venger? Ce n’était pas vraiment dans les habitudes de la blonde. Mais elle avait tellement souffert de cette rupture qu’elle voulait rendre la pareil à Théo. Que son coeur se retrouve en miettes à lui aussi. En fait, son amour pour lui avait finit par se transformer en rage au fil des jours. Peut être qu’elle ne dirait pas la même chose s’il se retrouvait soudain devant lui, mais pour l’instant c’était le cas. « Allez viens on va grignotter un ptit truc j'ai super faim... Et c'est moi qui invite cette fois ! » La blonde secoua la tête avant de boire une nouvelle gorgée de son café qu’elle avait finit par oublier. Comme d’habitude d’ailleurs. Mate avait le don d’avoir toujours faim… Et Raven se demandait bien où elle mettait tout ce qu’elle mangeait. Elle avait bien de la chance de ne pas avoir à surveiller sa ligne et son alimentation. Et même si Raven devait elle faire attention, elle n’était pas pour autant jalouse. En fait, elle était même contente que son amie ait la vie plus facile de ce côté là. Et puis, ce n’était pas elle qui allait lui dire de se priver de quelque chose. « Je crois que j’ai vus un marchant de Tacos en arrivant, ça te dis? »