l'histoire de ton personnage
Septembre 2014
Ses talons claquaient sur le parquet brillant de la résidence Wallace, une grande maison ancestrale qui abritait une cuisine scintillante, un grand foyer et une grande cour avec un jardin luxuriant. Cameron était en retard…comme toujours. Sa mère la regarderait dans un mélange d’amour et de reproche. Elle serait la dernière malgré le fait que son frère aîné vivait dans un autre pays et avait une femme et deux enfants en bas âge. Elle serait la dernière malgré le fait que sa sœur enceinte de neuf mois est du mal à marcher et malgré le fait que son père fut débordé par son travail. Elle était et serait toujours en retard. En rentrant, Cameron c’était préparé un long discours sur le fait qu’elle devait absolument rester travaillé, car le cabinet qui venait de l’engager comme stagiaire se foutait bien du fait qu’elle avait un dîner en famille et qu’elle devrait faire plusieurs heures de route pour s’y rendre, mais personne ne l’aurait compris de toute façon. Elle entra donc, déjà sur ses gardes, dans le salon familial où, comble de malheur, toute la famille était rassemblée autour du piano et chantait de gentilles chansons sans fausse note. Ils se turent dès que Cam rentra dans la pièce. Le gris de son tailleur Chanel jurait avec les pulls assortis que portait le reste de la famille. Elle leur lança un regard plein d’amour, mais tentant de cacher son profond malaise, un malaise qui la tenait depuis l’enfance.
Sa mère s’avança lentement avec un sourire qui mélangeait amour et incompréhension et prit Cam dans ses bras et la jeune fille devint subitement tendue ,elle détestait qu’on la touche. Cameron avait l’impression qu’on la regardait avec compassion, voir pitié. Sa famille lui donnait constamment l’impression d’être faible, inutile et surtout de mener une vie complètement décalée et loin de la vie qu’elle aurait dû mener. Un sentiment d’oppression bloquait sa poitrine dès qu’elle mettait les pieds dans cette demeure. Ce ressentiment envers sa famille venait de très loin, d’aussi loin que ce que Cameron pouvait se rappeler, mais depuis quelques années, elle avait encore plus l’impression de les trahir en étant tout simplement elle-même… Ils aimaient Cameron, mais elle n’était pas une des leurs, elle aurait pus venir d’une autre planète qu’il aurait été moins difficile d’accepter que leur enfant ne leur appartiendrait jamais réellement.
10 Août 2010
Cam regardait par la fenêtre, anxieuse, elle quittait la maison le lendemain pour l’université.
Assise au bord de sa fenêtre, elle regardait la pluie tomber, pensive et surtout tellement excitée par l’idée de quitter cette petite ville qui l’étouffait de plus en plus. En tant que maniaque de l’organisation, la jeune fille avait déjà tout préparé et fait un nombre incalculable de liste. Son appartement, du moins l’appartement que lui offrait ses parents, était un endroit luxueux, mais simple et parfaitement à l’image de la jeune fille avec ses grandes fenêtres, sa cheminée et ses nombreuses bibliothèques. Alors qu’elle continuait de rêver sur les éléments de décorations de son futur nids, la jeune fille eut un flash : il fallait partir plutôt afin que toute la petite famille ait le temps de tout placer dans l’appartement avant de partir pour le restaurant où il ferait une fête d’adieu. Elle descendit donc, impatiente, vers le grand salon où elle savait que ses parents discutaient près du feu depuis déjà un moment leur murmure remontant jusqu’à sa chambre. Cameron s’avança lentement lorsque d’un seul coup, elle figea. Ses parents n’étaient pas seuls, mais avec sa sœur aînée et leur conversation semblait tourner…autour d’elle.
- Charles, je sais bien Cameron a toujours été différentes, mais cela m’inquiète de la voir partir aussi loin. Elle est peut-être sérieuse dans ses études, mais il lui manque du plomb dans la tête pour le reste. Elle est volage, inconsciente et insouciante. Elle ne peut pas se trouver un mari et vivre une vie raisonnable si elle continue à vivre ainsi. Tu sais qu’avec l’histoire de Jackson …on a déjà assez parlé de notre famille pour les 10 prochaines années. Les gens chuchotent derrière nous à l’église…ils chuchotent mon dieu et que dire de toutes les perversions qui peuvent venir à elle dans la grande ville…
La sœur aînée de Cam caressa son ventre rondissant de ce qui était à l’époque, le premier échantillon de sa marmaille et regarda sa mère avec compréhension.
- Tu sais maman, elle n’est pas comme nous…Cameron a des…comment dire..Des aspirations de vie différentes. J’ai bien tenté de lui faire comprendre qu’elle devait penser à se caser et que sa carrière ne serait jamais aussi importante que ses enfants, mais elle m’a ri au visage… Je crois qu’il ne reste qu’à la laisser faire..D’ici quelques mois elle se rendra compte que la vie qu’elle rêve de mener n’est pas si parfaite et elle reviendra, vers nous je t’assure.
Cameron courut à sa chambre avant que son père ne puisse glisser un seul mot
La jeune fille se sentait trahie…elle ne put retenir quelques larmes qui coulaient sur ses joues. Sa famille la prenait vraiment pour une espèce de sans-cœur, un être froid qui était si différents d’eux qu’il était impossible de ne serait-ce que d’essayer de la comprendre. Sa mère ne prenait toujours pas cette aventure qu’elle avait eu avec son professeur…un homme marié…. à une des meilleures amies de sa mère. Il en avait fallu de peu pour qu’elle ne la jette dehors ,mais son père avait calmé le jeu. Il calmait toujours le jeu. Cameron avait l’impression que quoi qu’elle ne dise ou ne fasse, elle ne serait jamais … adéquate.
C’est ainsi que la jeune fille quitta la résidence familiale en douce cette nuit-là amenant toutes ses affaires pour éviter que sa famille pénètre ce nouvel univers qu’elle venait de se construire. Elle voulait qu’ils restent le plus loin possibles de sa nouvelle vie que leur regard rempli de jugement ne vienne pas gâcher cette toute nouvelle vie.
Quelques années étaient passées depuis que Cameron avait quitté la maison pour l’université, et ce presque en cachette, mais sa mère lui en voulait toujours offusquée que sa fille l’écarte si subitement de sa vie. Elle lui faisait bien sentir, mais de manière subtile par de petits commentaires mesquins qui faisait toujours souffrir Cam même si elle ne l’avouait jamais. La jeune fille s’assit dans le canapé regardant le reste de la famille chanter dans un profond malaise qui dura plusieurs minutes… Elle savait déjà à quoi s’attendre, mais l’idée d’une autre soirée à faire semblant qu’elle s’était trouvé un fiancé où qu’elle apprît à faire de la tarte à la pomme lui donnait mal au cœur. Elle sentait un poids immense sur ses épaules, poids qui ne lâche que lorsqu’elle quitta la maison familiale le lendemain matin. Entre temps, elle dû subir encore de nombreuses crises tout en subtilité, une spécialité de la famille Wallace.
Aujourd’hui :
5h55 Am
Les dernières gouttes de café tombaient dans un silence assourdissant. Cameron regardait la pièce encore vide se réchauffer à la douce vapeur de café. Les murs abritaient encore les conversations d’hier et laisseraient la place pour celle d’aujourd’hui. La jeune blonde attache ses longs cheveux dorés d’un mouvement distrait avant de retomber dans la contemplation de son café matinale. Elle sourit. C’était la première fois depuis un mois. Elle pouvait se considérer heureuse, ses rêves se mettaient tranquillement en place elle avait enfin le contrôle sur sa vie un contrôle total, parfait et quasi jouissif.
C’était ainsi tous les matins. Une partielle de rêve mélanger à la peur d’une autre journée qui commençait dans le doute. La peur continuelle de ne pas être à la hauteur ou plutôt que la vie ne soit pas à la hauteur des attentes de la jolie blonde. D’un sourire accueillant et d’un pas décidé, elle tourna la petite pancarte annonçant l’ouverture et attendit les premiers clients d’un air pensif. Elle avait réussi et pour beaucoup, même pour elle, c’était un exploit impressionnant à un si jeune âge. Les affaires allaient bien, depuis qu’elle avait quitté son poste de stagiaire dans une boîte d’architecture l’année précédente, la vie semblait enfin lui sourire. Pas qu’elle n’aimait pas être architecte, mais ce n’était plus ce qu’elle voulait faire de sa vie.
8h AM : Le café était déjà bondé et Cameron ne savait plus où donner de la tête. Cette occupation constante lui permettait de chasser une multitude de pensées nuisibles de son esprit. La jeune fille se cachait derrière une surcharge le travail depuis l’enfance. C’était, en quelque sorte, sa manière de ne pas faire face aux choses qui lui déplaisait. Au début c’était pour éviter sa famille, par la suite pour éviter de faire face au fait qu’elle ne voulait plus être architecte, du moins, pas comme cela et maintenant tout simplement pour tenir le coût.
13H AM : Enfin elle pouvait souffler. Benny, un des employés, servait les derniers clients pour le lunch ce qui lui permettait de s’enfermer dans son bureau pour une heure ou deux. Ainsi, la jeune fille pouvait s’attarder à son activité préférée : la comptabilité. Sarah ne savait pas si c’était la tiédeur de son bureau ou la vue des chiffres eux-mêmes, mais elle avait la nausée juste à poser son regard sur la feuille remplie de chiffre interminable. Levant les yeux vers le mur du fond, elle tomba sur son diplôme de l’université et sourit. Qui aurait pu prévoir qu’une jeune étudiante en architecture finisse par servir le café à des architectes plutôt que d’en être une.
Au début sa famille avait apprécier le fait qu’elle quitte sa carrière jusqu’à ce qu’il se rende compte que c’était seulement pour travailler deux fois plus fort et pour faire deux fois moins d’argent. Comment pourrait-elle se trouver un mari dans de telles conditions ? En plus du café, la jeune fille faisait toujours quelques contrats de design et d’architecture ici et là afin de ne pas oublier cette première passion qui l’avait poussé à quitter le nid familial. Aujourd’hui elle regardait le monde, pleine d’ambition et prête à tout conquérir.