New-York, Mai 1987

Un peu de gel est mis sur le ventre tout rond de la jeune femme, elle est anxieuse, stressée, les larmes coulent sur sa joue. Elle vient de perdre du sang à cause d'une chute et on craint pour le bébé. Personne ne sait encore ce qui peut-être annoncé... L'inquiétude est belle et bien présente. Le gynécologue la rassure, le bébé est toujours en vie... Cette fois se sont des larmes de joie qui coulent sur le doux visage de la brune et future maman.

New-York du 10 au 11 Juillet 1987

L'ambulance est coincée, les rues sont bondées de touristes, de gens qui sortent travailler, de taxi ... c'est une vraie catastrophe ... le chaos est le plus total, cela klaxonne, hurle dans tous les sens Dans ce foutoir se trouve une ambulance avec à son bord une femme maudissant déjà la chaleur qui pointe son nez. Cette dernière est sur le point d'accoucher, elle a des douleurs, c'est sa soeur qui a appelé les secours, c'est d'ailleurs cette dernière qui se trouve avec elle en ce moment, elle est si proche d'elle ... Ce sont de vraies jumelles et même le jeune médecin arrive à se tromper dans la précipitation. Le chauffeur klaxonne lui aussi et au bout d'à peine trois minutes il perd patience, il sait qu'une vie est sur le point d'arriver et il est hors de question que le petit ait pour première vision le blanc de son ambulance. Le véhicule se décale et monte sur le trottoir pour s'engouffrer dans de petites ruelles, étroite et peu sure. C'est désormais une course contre la montre. L'arrivée à l'hôpital est spectaculaire, un frein à main une sirène hurlante on aurait pu se croire dans une série américaine sauf que là c'est la réalité. La femme est transportée en salle d'accouchement, le travail durera de nombreuses heures. Je naitrai que le lendemain matin, en effet cette femme qui a été bloquée dans l'ambulance n'est autre que ma mère et sa soeur ma marraine. Je me prénomme Daniel et voici mon histoire.

New-York entre 1997 et 2000

Je ne connais pas mon père, ma mère ne m'a jamais parlé de lui... je n'ai ni frère ni soeur et je m'en plains pas. Je joue au soccer dans la rue avec d'autres hispaniques. Moi je suis d'origine portugaise de part ma mère, cette dernière est originaire de Porto mais n'a jamais vu son pays. Bref je suis intégré et j'ai des amis. Je commence à devenir performant dans les équipes de jeunes et c'est là que je me fais repérer lors d'un tournoi au Canada. Le FC Barcelone me veut. La Masia c'est le rêve de tous les gamins dont le mien. Je suis un dingue de ce club et je peux aller y jouer. J'ai treize ans et me voilà en route pour l'Europe après que ma mère m'ait autorisé à partir. Le foot comme le nomment les européens est peut-être ce qui va m'ouvrir les portes d'une carrière. Barcelone est plus qu'un club, c'est une légende.

Porto (Portugal) - Septembre 2003

J'ai à peine seize ans quand je foule la terre de mes ancêtres pour la première fois. Nous avons un tournoi de jeune au Portugal et à Porto plus précisément. C'est un moment d'émotion pour moi car le club a payé à ma mère des billets d'avions, elle va me voir jouer pour la première fois et qui plus est au Portugal. Notre premier match nous jouons contre une équipe scandinave, les mecs sont des tours, leur foot est physique tout comme il l'est en Angleterre où nous avons joué et gagné la ligue des champions chez les jeunes l'année dernière. Là nous remettons notre trophée en jeu lors de ce premier tournoi. L'équipe venue du froid est facilement écrasée, nous les battons neuf buts à zéro et j'en mets un avec deux passes décisives, ce qui n'est pas mal. Le second match est du même acabit avec une équipe luxembourgeoise en face, même style de victoire et même stats pour moi. Nous voilà enfin face à l'équipe locale : LE FC PORTO ! Mon coeur se sert sans que je ne le veuille. Je stresse pour la première fois avant un match, je veux montrer à ma mère que je suis un bon joueur et en même temps me faire remarquer par les portugais. Le match est serré, les dragons -le surnom de l'équipe- nous posent des soucis, ils sont bien organisés et ouvrent le score. Nous égalisons juste avant la fin de la première mi-temps. Je ne suis pas dans le match, je me prends d'ailleurs une soufflante durant les quinze minutes de pause. Cela me réveille, j'en avais besoin. Je retrouve mon football, c'est d'une volée après un corner mal dégagé que je nous place devant, je cours comme un dératé dans les bras de mon entraineur. Je suis libéré réellement désormais.

Madrid (Espagne) Juillet 2005

Je suis dans les bureaux de l'ennemi ancestral de mon club de toujours, ils m'ont laissé partir libre et le Real s'est jeté sur l'occasion, ils m'ont toujours voulu du coup j'ai signé chez eux. Je vais porter le numéro sept directement, Il va peser lourd car c'est une légende du club qui l'a porté avant moi. Je me fais haïr par les catalans mais je m'en moque, moi ce que je veux faire c'est jouer.

Barcelone (Espagne) Mars 2010

Ce match est devenu banal pour moi, le Barça est toujours mon club de coeur mais je sais que plus jamais, je n'en porterai le maillot. C'est interdit par mon contrat désormais, j'ai signé cette clause de moi-même. C'est donc revêtu du maillot sacré blanc que je foule la pelouse du Nou Camp. Je suis sifflé, hué comme à mon habitude désormais c'est dur à vivre mais je suis concentré sur mon match. La pression est énorme, nous pouvons être champions si nous gagnons ce soir. Ce titre nous échappe depuis trois ans maintenant. Un de mes partenaires est fauché aux abords du grand rectangle, nos supporters réclament - à tord- le penalty. Je prends le ballon en main, j'ai un poids énorme sur mes épaules, je sais l'enjeu de ce match. Un instant, je ferme les yeux, je regarde trois points : le placement du gardien, le mur et enfin le ballon. Là je sais où frapper, je retiens mon souffle, la course est brève, la frappe sèche et enroulée. Je regarde le ballon flotter dans les airs, il part bien mais malheureusement le gardien des Blaugranas détourne du bout des doigts. Personne de mon équipe n'a la lucidité de suivre. Ce n'est que partie remise, nous dominons notre sujet et le match, l'adversaire n'existe pas !

Il ne nous reste qu'une dizaine de minutes quand enfin la situation se débloque. Nous lançons une contre-attaque suite à un corner adverse, c'est de l'aile gauche que cela part, nous jouons en une-deux avec mon capitaine et c'est ce dernier qui place le centre décisif pour la tête de notre avant français. C'est enfin au fond mais nous n'exultons pas encore, l'arbitre n'a pas encore sifflé. Chose qui sera faite plus tard. Enfin nous redevenons champions ! La fête qui s'en suivra sera mémorable.

Munich (Allemagne) Mai 2014

Nous disputons contre les anglais de Chelsea, la finale de la ligue des champions, le plus grand et plus beau trophée européen interclubs est en jeu. Je suis présent et je veux tout donner comme à mon habitude. Nous montons sur le terrain, je jette un oeil bref à la coupe aux grandes oreilles, je la veux c'est le dernier trophée qui me manque avec le Real. Nous nous tenons par les épaules au moment de l'hymne de la compétition, nous ne formons qu'un, une couleur, un maillot, un blason. Nous sommes des amis, des frères et nous nous battons les uns pour les autres.

Je suis bien en jambe mais le sort en décide autrement, un tacle violent d'un anglais m'envoie au sol, je hurle de douleur, je ne le sais pas encore mais ma jambe est cassée, je suis passé prêt de la double fracture tibia-péroné. Je viens de jouer là mes dernières minutes avec le Real ... Je suis transporté à l'hôpital et mon équipe remportera le match pour moi. C'est avec les larmes aux yeux que je verrai cette fameuse coupe que je l'embrasserai ... J'ai joué là mon dernier match avec les merengues.

New-York de Janvier à Décembre 2015

Je suis de retour au pays, je viens de signer aux Red Bulls de New-York. J'aurais pu continuer de jouer au Real mais le mental ne suit pas, je suis prêté pour le moment dans la cité de la grosse pomme. Six mois pour me refaire une santé mentale, voilà ce que j'ai. De plus je vais pouvoir apporter mon expérience à de jeunes gens qui veulent grandir et percer dans ce monde. Ma vie prend un tournant autre. Je suis moins imbu de moi-même, je m'ouvre aux autres.

Finalement je suis transféré à ma demande définitivement ici, je me plais et je remarque que vivre à New-York m'a manqué.

De nos jours

Je me sens comme un poisson dans l'eau à New-York de plus il y a cette femme désormais que j'ai déjà croisé dans des soirées, je n'ai d'yeux que pour elle, je ne sais pas pourquoi, je suis autant attiré par elle. Elle est brune, grande et belle. Non belle est encore trop petit, c'est un ange. Bordel je suis comme un gosse dès que je la croise. Je vis à Manhattan, je fais ce que je veux en dehors des terrains tan que je ne m'exagère pas. J'ai la paix et je peux vivre comme je le souhaite tout en continuant de pratiquer mon sport.

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