l'histoire de ton personnage
Il fait nuit, ma mère m'a dit d'aller me coucher plus tôt ce soir. Je crois qu'il va revenir, qu'il aime bien maman et il lui plaît aussi. C'est ce qu'elle disait à notre voisine -sa meilleure amie- hier, dans l'après-midi. Amarys et moi-même on s'était caché en dessous la table d'à côté, on jouait aux espions, c'est ce qu'on faisait le plus souvent et on en apprenait des choses. Parfois des bonnes comme le cadeau d'anniversaire que ma mère allait m'offrir cette année. Et des moins bonnes comme la fois ou j'ai sans le vouloir dit à ma grand-mère après l'avoir prise dans mes bras : «
T'es une salope, mais je t'adore ! ». Maman avait utilisé ces mêmes mots en s'adressant justement à notre voisine Giulia, et elles s'étaient mises à rire aux éclats. Ma grand-mère m'avait regardé avec de drôle de yeux ce jour-là. Quant à ma mère, elle m'a fait la moral durant pas moins d'une heure, me répétant que c'était mal, que ce n'était pas un mot à dire. Après ça, je ne l'ai plus répété pas de si tôt tout du moins. (...) J'étais assise sur les marches des escaliers, maman m'avait dit que ce serait une soirée spécial, qu'elle l'avait vu devant une bijouterie puis y entrer. Maman m'avait dit que j'aurais un papa, qu'il s'apprêtait à la demander en mariage, mais que je ne devais rien dire à personne, que c'était un secret entre elle et moi jusqu'à ce qu'il se décide à sauter le pas. Voir maman heureuse, ça me rends heureuse, puis Giuseppe je l'aime bien, chaque fois qu'il vient à la maison il m'apporte des tonnes de cadeaux, et des tonnes de friandises. Puis, il prend toujours le temps de s'amuser un peu avec moi pendant que maman finit de se prépare. Oui, je m'imaginais déjà appeler Giuseppe 'papa', et lui m’appeler 'ma fille', 'ma puce' ou 'mon trésor' comme a l'habitude de le faire maman. Je m'étais déjà faite à cette idée, tout comme maman, ces derniers mois je la voyais plus épanouie, elle fermait les yeux sur certaines de mes bêtises et me disait oui à tout, je n'avais pas même besoin de faire ma crise de larme pour avoir ce que je voulais. (...) « Je suis marié... » a-t-il dit désolé. Puis un silence pesant s'est installé, ma mère ne semblait pas réagir à ses propos. Alors il s'est excusé, répétant sans cesse à quel point il s'en voulait, à quel point il était désolé, et qu'il l'aimait. Ce soir-là, j'aurais préféré être endormi, j'aurais préféré ne pas avoir été là à écouter la conversation en cachette sur la dernière marche de l'escalier. Des hommes, elle en a côtoyé, mais jamais elle n'avait aimé un homme comme elle l'avait aimé lui. C'était bien la première fois que je voyais ma mère aussi triste. Après la dispute, après qu'il ait quitté les lieux, je suis descendu pour aller la voir. Seuls les bougies sur la table du salon éclairaient la pièce, je m'étais avancée et m'étais installée en silence tout près de ma mère sur le canapé froid. Elle enroulait ses bras autour de moi et me répétait en larme ô combien elle était désolé, comme si tout ce qui venait de se passer était de sa faute. J'étais restée silencieuse toute la nuit blottis dans ses bras, jusqu'à que nous finissions toutes deux par nous endormir...
Il avait sorti le grand jeu et je n'ai su lui résister, j'avais le béguin pour lui depuis des années et il le savait. Amarys savait s'y prendre avec les filles, il était physiquement très attirant, marrant et véritable séducteur. Nous étions ensemble depuis un peu plus de cinq mois à présent, je l'aimais, lui me faisait comprendre qu'il m'aimait à sa façon, tandis qu'il se tapait d'autres filles à côté. J'en avais conscience, mais je fermais les yeux, j'étais jeune et amoureuse. Pas un jour ne passait sans que nous finissions par nous disputer. Nous nous séparions, pour finalement nous remettre ensemble quelques jours plus tard comme si un aimant nous attiré l'un à l'autre. Un jeu instauré, du je t'aime moi non plus à n'en plus finir. Il savait que je lui appartenais, que je ne saurais lui résister, ni même lui refuser quoi que ce soit. (...) Mais qu'est-ce qui te prends ? Qu'est-ce que tu fous ? T'es complètement folle ! Amarys s'était précipité vers moi m'attrapant par la taille et nous faisant tout deux sortir de la chambre de ma mère. Le feu s'était répandu si rapidement, j'étais dans un état second, je ne me rendais pas même compte de ce que je venais de faire. (...) « Tu comptes me faire la gueule encore longtemps ? » mes yeux ne quittaient pas le verre d'eau devant moi fuyant son regard comme chaque jour depuis qu'il m'avait dénoncée. Je ne voulais plus ni lui parler, ni même le voir. Si je me trouvais dans cet asile de fou c'était de sa faute. Il pensait peut-être bien faire, mais je n'étais pas folle à lier, par ailleurs je ne regrettais pas mon geste. « Je repasserais demain, et pour ta mère... » je ne lui laissais pas même le temps de continuer lui coupant aussitôt la parole. « Je t'interdis de parler de ma mère tu m'entends ! Ne reviens pas demain, ni même les jours qui suivent... » Les infirmières s'étaient levées d'un bond et se précipitaient vers moi, comme si je m'apprêtais à le tuer, ce qui aurait pu être le cas, mais je n'avais rien à disposition. « Ça va, ça va, je me calme. Lâchez-moi ! » dans ses yeux je pouvais lire qu'il était inquiet pour moi, qu'il regrettait peut-être son geste. J'espérais que ce soit le cas, j'espérais qu'il regrette, et qu'il se sente coupable de tout ce qui s'était passé dernièrement.